1
Une nouvelle loi, de nouveaux principes
La loi du 11 février 2005 relative à l’égalité des droits et des chances, la
participation et la citoyenneté des personnes handicapées a profondément
bouleversé l’ensemble du dispositif de l’action publique en
direction des personnes handicapées. On est passé d’une conception
selon laquelle le handicap était pensé comme une dimension personnelle
découlant d’une déficience ou d’un accident de la vie, à une
conception plus sociale, selon laquelle le handicap se définit comme la
situation singulière d’une personne handicapée dans son contexte
environnemental et social.
C’est de cette modification que découlent les notions d’accessibilité et
de compensation qui sont les deux piliers de la loi.
L’accessibilité, c’est rendre possible “l’accès de tout à tous”. Pour
l’Éducation nationale, c’est l’accessibilité au savoir, à la connaissance.
Cela se traduit aujourd’hui d’abord par le droit à l’inscription dans
l’établissement scolaire de secteur, qu’on appelle “établissement scolaire
de référence”. Cela se concrétise aussi par l’ensemble desmesures
collectives ou individuelles qui permettent aux élèves handicapés
d’avoir accès autant qu’il est possible à l’ensemble des locaux et des
matériels qui sont nécessaires pour leur scolarisation. C’est enfin la
mise aux normes des bâtiments scolaires mais aussi des équipements
culturels et sportifs. Les collectivités territoriales, qui en sont propriétaires,
ont dix ans pour réaliser cette mise aux normes qui devra donc
être achevée partout avant le 11 février 2015.
La compensation, qui se concrétise par le “plan personnalisé de
compensation”, c’est le droit, pour une personne handicapée, de bénéficier
de toute mesure individuelle qui soit de nature à lui redonner,
autant qu’il est possible, l’égalité des droits et des chances. Cela peut
être, par exemple, l’accompagnement en milieu scolaire par un auxiliaire
de vie scolaire ou encore la prise en charge d’un enfant, en plus
de l’école, par les professionnels des établissements médico-sociaux.
C’est aussi, bien sûr, une carte d’invalidité ou le droit au transport.
Sur le plan institutionnel, le législateur a clairement séparé ce qu’on
appelle “la maîtrise d’ouvrage” de la “maîtrise d’oeuvre” concernant la
scolarisation des élèves handicapés. Il existe aujourd’hui une claire
distinction entre la maison départementale des personnes
handicapées qui évalue, qui propose, qui décide, et l’Éducation nationale,
qui met en oeuvre en coopération étroite avec les autres acteurs
de la scolarisation des élèves handicapés que sont les établissements
sanitaires ou médico-sociaux et les collectivités territoriales, les
mesures décidées par la Commission des droits et de l’autonomie ou
préconisées par l’équipe pluridisciplinaire d’évaluation chargée de
l’élaboration des plans personnalisés de compensation.
Avant-propos
2
Sur le plan strictement éducatif, le changement est pour le moins
aussi profond. La loi de 1975 avait posé juridiquement le principe,
jusqu’alors moral, de l’éducabilité en affirmant le droit à une éducation
pour tout enfant handicapé. La loi de 2005 va plus loin, en disposant
(article 19) que tout enfant handicapé est de droit un élève, acteur de
ses apprentissages.
En cela, il rejoint la totalité des enfants qui se définissent d’abord, tant
sur le plan juridique que personnel, par le fait qu’ils sont obligatoirement
scolarisés quand ils ont entre 6 et 16 ans.
À cet égard, l’élève handicapé aujourd’hui se distingue de l’adulte
handicapé, comme l’enfant se distingue de l’adulte, en se définissant
d’abord par un attribut qui n’est pas lié à sa condition de personne
handicapée mais à sa condition d’enfant. En ce sens, on peut dire que
l’élève handicapé est élève avant d’être handicapé et qu’il est donc un
élève comme les autres.
La scolarisation elle-même voit sa définition singulièrement élargie. La
notion d’intégration scolaire, qui fut une remarquable avancée, reposait
sur une conception de la scolarisation qui était d’abord
géographique et temporelle, notamment s’agissant des jeunes relevant
du champ du handicap mental ou des troubles de la fonction cognitive.
Certes, des objectifs éducatifs existaient le plus souvent dans les projets
dont l’ambition majeure était de permettre à l’enfant concerné de prendre
pied dans l’école, d’y fréquenter d’autres enfants de son âge, de construire
sa sociabilité, voiremême de se construire en tant que sujet social.
Mais la dimension du savoir, pourtant constitutive à l’évidence de tout
projet scolaire pour tout autre élève, n’était pas toujours présente.
Cette dimension n’est plus aujourd’hui discutée et la scolarisation des
élèves handicapés ne saurait dorénavant se concevoir sans qu’y
prennent toute leur place les objectifs d’apprentissage qui sont les
fondements des programmes scolaires en vigueur et particulièrement
du “socle commun de connaissances et de compétences”.
Toutefois, pour certains d’entre eux, et compte tenu de la lourdeur ou
de la complexité de leur handicap, les compétences auxquelles ils
pourront accéder devront être choisies (avec le même soin que pour
quiconque) parmi les plus élémentaires. Mais c’est là une différence de
degré, pas de nature, avec les autres élèves.
La loi du 11 février 2005 crée un lieu unique destiné à faciliter les
démarches des personnes handicapées : la maison départementale
des personnes handicapées (liste des MDPH page 29). Celle-ci offre,
dans chaque département, un accès unifié aux droits et prestations
prévus pour les personnes handicapées.
Lieu unique d’accueil, la maison départementale des personnes
handicapées “exerce une mission d’accueil, d’information, d’accompagnement
et de conseil des personnes handicapées et de leur famille
ainsi que de sensibilisation de tous les citoyens aux handicaps”.
La maison départementale des personnes handicapées a huit
missions principales :
> Elle informe et accompagne les personnes handicapées et leur
famille dès l’annonce du handicap et tout au long de son évolution.
> Elle met en place et organise l’équipe pluridisciplinaire qui évalue
les besoins de la personne sur la base du projet de vie et propose
un plan personnalisé de compensation du handicap.
> Elle assure l’organisation de la commission des droits et de
l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH) et le suivi de la
mise en oeuvre de ses décisions, ainsi que la gestion du fonds
départemental de compensation du handicap.
> Elle reçoit toutes les demandes de droits ou prestations qui
relèvent de la compétence de la commission des droits et de
l’autonomie.
> Elle organise une mission de conciliation par des personnes
qualifiées.
> Elle assure le suivi de la mise en oeuvre des décisions prises.
> Elle organise des actions de coordination avec les dispositifs
sanitaires et médico-sociaux et désigne en son sein un référent
pour l’insertion professionnelle.
> Elle met en place un numéro téléphonique pour les appels
d’urgence et une équipe de veille pour les soins infirmiers.
Une équipe pluridisciplinaire est chargée de l’évaluation des besoins
de compensation de la personne dans le cadre d’un dialogue avec elle
et avec ses proches. Cette équipe peut être constituée de médecins,
ergothérapeutes, psychologues, spécialistes du travail social, de
l’accueil scolaire...
4
5
Code de l’éducation
Article L 146-3.
…il est créé dans chaque département, une maison départementale
des personnes handicapées… Elle met en place et
organise le fonctionnement de l’équipe pluridisciplinaire, de
la commission des droits et de l’autonomie des personnes
handicapées, de la procédure de conciliation interne…
Article L 146-7.
La MDPH met à disposition pour les appels d’urgence, un
numéro téléphonique en libre appel gratuit pour l’appelant…
Elle évalue les besoins de compensation de la personne handicapée
sur la base de son projet de vie et de référentiels nationaux.
La commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées
(CDAPH) prend les décisions relatives à l’ensemble des droits de la
personne handicapée sur la base de l’évaluation réalisée par l’équipe
pluridisciplinaire et du plan de compensation proposé.
Elle associe étroitement les parents à la décision d’orientation de leur
enfant et à toutes les étapes de la définition de son projet personnalisé
de scolarisation.
En cas de désaccord elle propose des procédures de conciliation.
La loi accroît l’obligation pour le service public d’éducation d’assurer
la continuité du parcours scolaire en fonction de l’évaluation régulière
des besoins de chaque élève par une équipe pluridisciplinaire.
Une nouvelle loi, de nouveaux principes
La loi du 11 février 2005 relative à l’égalité des droits et des chances, la
participation et la citoyenneté des personnes handicapées a profondément
bouleversé l’ensemble du dispositif de l’action publique en
direction des personnes handicapées. On est passé d’une conception
selon laquelle le handicap était pensé comme une dimension personnelle
découlant d’une déficience ou d’un accident de la vie, à une
conception plus sociale, selon laquelle le handicap se définit comme la
situation singulière d’une personne handicapée dans son contexte
environnemental et social.
C’est de cette modification que découlent les notions d’accessibilité et
de compensation qui sont les deux piliers de la loi.
L’accessibilité, c’est rendre possible “l’accès de tout à tous”. Pour
l’Éducation nationale, c’est l’accessibilité au savoir, à la connaissance.
Cela se traduit aujourd’hui d’abord par le droit à l’inscription dans
l’établissement scolaire de secteur, qu’on appelle “établissement scolaire
de référence”. Cela se concrétise aussi par l’ensemble desmesures
collectives ou individuelles qui permettent aux élèves handicapés
d’avoir accès autant qu’il est possible à l’ensemble des locaux et des
matériels qui sont nécessaires pour leur scolarisation. C’est enfin la
mise aux normes des bâtiments scolaires mais aussi des équipements
culturels et sportifs. Les collectivités territoriales, qui en sont propriétaires,
ont dix ans pour réaliser cette mise aux normes qui devra donc
être achevée partout avant le 11 février 2015.
La compensation, qui se concrétise par le “plan personnalisé de
compensation”, c’est le droit, pour une personne handicapée, de bénéficier
de toute mesure individuelle qui soit de nature à lui redonner,
autant qu’il est possible, l’égalité des droits et des chances. Cela peut
être, par exemple, l’accompagnement en milieu scolaire par un auxiliaire
de vie scolaire ou encore la prise en charge d’un enfant, en plus
de l’école, par les professionnels des établissements médico-sociaux.
C’est aussi, bien sûr, une carte d’invalidité ou le droit au transport.
Sur le plan institutionnel, le législateur a clairement séparé ce qu’on
appelle “la maîtrise d’ouvrage” de la “maîtrise d’oeuvre” concernant la
scolarisation des élèves handicapés. Il existe aujourd’hui une claire
distinction entre la maison départementale des personnes
handicapées qui évalue, qui propose, qui décide, et l’Éducation nationale,
qui met en oeuvre en coopération étroite avec les autres acteurs
de la scolarisation des élèves handicapés que sont les établissements
sanitaires ou médico-sociaux et les collectivités territoriales, les
mesures décidées par la Commission des droits et de l’autonomie ou
préconisées par l’équipe pluridisciplinaire d’évaluation chargée de
l’élaboration des plans personnalisés de compensation.
Avant-propos
2
Sur le plan strictement éducatif, le changement est pour le moins
aussi profond. La loi de 1975 avait posé juridiquement le principe,
jusqu’alors moral, de l’éducabilité en affirmant le droit à une éducation
pour tout enfant handicapé. La loi de 2005 va plus loin, en disposant
(article 19) que tout enfant handicapé est de droit un élève, acteur de
ses apprentissages.
En cela, il rejoint la totalité des enfants qui se définissent d’abord, tant
sur le plan juridique que personnel, par le fait qu’ils sont obligatoirement
scolarisés quand ils ont entre 6 et 16 ans.
À cet égard, l’élève handicapé aujourd’hui se distingue de l’adulte
handicapé, comme l’enfant se distingue de l’adulte, en se définissant
d’abord par un attribut qui n’est pas lié à sa condition de personne
handicapée mais à sa condition d’enfant. En ce sens, on peut dire que
l’élève handicapé est élève avant d’être handicapé et qu’il est donc un
élève comme les autres.
La scolarisation elle-même voit sa définition singulièrement élargie. La
notion d’intégration scolaire, qui fut une remarquable avancée, reposait
sur une conception de la scolarisation qui était d’abord
géographique et temporelle, notamment s’agissant des jeunes relevant
du champ du handicap mental ou des troubles de la fonction cognitive.
Certes, des objectifs éducatifs existaient le plus souvent dans les projets
dont l’ambition majeure était de permettre à l’enfant concerné de prendre
pied dans l’école, d’y fréquenter d’autres enfants de son âge, de construire
sa sociabilité, voiremême de se construire en tant que sujet social.
Mais la dimension du savoir, pourtant constitutive à l’évidence de tout
projet scolaire pour tout autre élève, n’était pas toujours présente.
Cette dimension n’est plus aujourd’hui discutée et la scolarisation des
élèves handicapés ne saurait dorénavant se concevoir sans qu’y
prennent toute leur place les objectifs d’apprentissage qui sont les
fondements des programmes scolaires en vigueur et particulièrement
du “socle commun de connaissances et de compétences”.
Toutefois, pour certains d’entre eux, et compte tenu de la lourdeur ou
de la complexité de leur handicap, les compétences auxquelles ils
pourront accéder devront être choisies (avec le même soin que pour
quiconque) parmi les plus élémentaires. Mais c’est là une différence de
degré, pas de nature, avec les autres élèves.
La loi du 11 février 2005 crée un lieu unique destiné à faciliter les
démarches des personnes handicapées : la maison départementale
des personnes handicapées (liste des MDPH page 29). Celle-ci offre,
dans chaque département, un accès unifié aux droits et prestations
prévus pour les personnes handicapées.
Lieu unique d’accueil, la maison départementale des personnes
handicapées “exerce une mission d’accueil, d’information, d’accompagnement
et de conseil des personnes handicapées et de leur famille
ainsi que de sensibilisation de tous les citoyens aux handicaps”.
La maison départementale des personnes handicapées a huit
missions principales :
> Elle informe et accompagne les personnes handicapées et leur
famille dès l’annonce du handicap et tout au long de son évolution.
> Elle met en place et organise l’équipe pluridisciplinaire qui évalue
les besoins de la personne sur la base du projet de vie et propose
un plan personnalisé de compensation du handicap.
> Elle assure l’organisation de la commission des droits et de
l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH) et le suivi de la
mise en oeuvre de ses décisions, ainsi que la gestion du fonds
départemental de compensation du handicap.
> Elle reçoit toutes les demandes de droits ou prestations qui
relèvent de la compétence de la commission des droits et de
l’autonomie.
> Elle organise une mission de conciliation par des personnes
qualifiées.
> Elle assure le suivi de la mise en oeuvre des décisions prises.
> Elle organise des actions de coordination avec les dispositifs
sanitaires et médico-sociaux et désigne en son sein un référent
pour l’insertion professionnelle.
> Elle met en place un numéro téléphonique pour les appels
d’urgence et une équipe de veille pour les soins infirmiers.
Une équipe pluridisciplinaire est chargée de l’évaluation des besoins
de compensation de la personne dans le cadre d’un dialogue avec elle
et avec ses proches. Cette équipe peut être constituée de médecins,
ergothérapeutes, psychologues, spécialistes du travail social, de
l’accueil scolaire...
4
5
Code de l’éducation
Article L 146-3.
…il est créé dans chaque département, une maison départementale
des personnes handicapées… Elle met en place et
organise le fonctionnement de l’équipe pluridisciplinaire, de
la commission des droits et de l’autonomie des personnes
handicapées, de la procédure de conciliation interne…
Article L 146-7.
La MDPH met à disposition pour les appels d’urgence, un
numéro téléphonique en libre appel gratuit pour l’appelant…
Elle évalue les besoins de compensation de la personne handicapée
sur la base de son projet de vie et de référentiels nationaux.
La commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées
(CDAPH) prend les décisions relatives à l’ensemble des droits de la
personne handicapée sur la base de l’évaluation réalisée par l’équipe
pluridisciplinaire et du plan de compensation proposé.
Elle associe étroitement les parents à la décision d’orientation de leur
enfant et à toutes les étapes de la définition de son projet personnalisé
de scolarisation.
En cas de désaccord elle propose des procédures de conciliation.
La loi accroît l’obligation pour le service public d’éducation d’assurer
la continuité du parcours scolaire en fonction de l’évaluation régulière
des besoins de chaque élève par une équipe pluridisciplinaire.
Dernière édition par le Dim 30 Sep - 18:17, édité 2 fois